Rares sont les documents d’archives à fournir des chiffres sur la production céréalière, prédominante dans l’économie agricole des sociétés préindustrielles. Parmi eux, les comptabilités annuelles des baillis bernois, représentants régionaux de la Ville souveraine en pays de Vaud, constituent une source exceptionnelle sur les plans quantitatif et qualitatif. Réunis en 615 volumes, 3'969 exercices comptables fournissent, du XVIe au XVIIIe siècle, quelque 80'000 données sur le produit net de 675 droits de dîme. Si les mêmes règles de perception et de comptabilisation sont appliquées à la gestion des revenus étatiques, les séries chronologiques ne sont toutefois pas le reflet strictement proportionnel des récoltes vaudoises au cours du temps. Leurs distorsions, imputables à la conjoncture comme à la politique agraire du gouvernement, restent alors à identifier, à définir, à dater et, autant que possible, à mesurer. La marge d’erreur ainsi évaluée, le traitement statistique admet un degré d’approximation acceptable, avec lequel les historiens des époques préstatistiques sont d’ailleurs contraints de composer. Les droits de dîme de MM. Berne sont-ils pour autant des indices fiables de la conjoncture, de la production et de la productivité ? Leur étude en pays de Vaud relancera-t-elle l’intérêt pour la redevance de tous les espoirs dans les années 1980 ? La publication sur Internet apporte quelques éléments de réponse à la première question en offrant aux chercheurs les données récoltées pour leurs futurs travaux.